Archives de catégorie : Actualités syndicales

Le “plan étudiant” : une sélection qui ne dit pas son nom

Après un temps de concertation discutable auquel a participé le SNUEP-FSU, un document a été présenté par le MEN « plan étudiant : accompagner chacun vers la réussite ».

Le constat était explicite : le taux de réussite des élèves issus du bac pro préparant une licence est de 2%. Par ailleurs, les bacheliers professionnels sont insuffisamment représentés en Section de Technicien Supérieur (STS), alors même que ce vœu est le plus plébiscité par nos élèves (60 % des demandes). Malgré la mise en place de quotas en 2013, les bacheliers professionnels représentent à peine 18 % des effectifs en STS. Cela conduit ces étudiants refusés en STS à choisir par défaut l’université. Cette poursuite d’étude non choisie est une des raisons des échecs importants en licence. Ce ne sont pas les 7 000 places supplémentaires en STS (soit 1 400 par an à répartir sur la centaine de département français… Au final 1/2 section par an et par département) qui seront proposées sur les cinq ans à venir qui régleront le problème…

Dans la précipitation et sans qu’aucun budget ne soit décidé dans la loi de finance, le plan étudiant prévoit, afin d’accompagner l’orientation des élèves : la nomination d’un second professeur principal en terminale, et la mise en place de deux semaines de travail sur ce sujet  (en novembre-décembre puis au second trimestre). Sous quelle forme ? Aucune précision sur ce point, l’autonomie des établissements y palliera et chacun les organisera au milieu des CCF et des PFMP de terminale. Cela impactera encore davantage les apprentissages disciplinaires déjà mis à mal par la perte de la quatrième année de bac pro et par l’augmentation du nombre d’épreuves certificatives .

Le plan instaure l’obligation d’informer les jeunes sur les attendus (pré-requis…), la réussite et l’insertion des diplômé-es de la filière choisie. Ainsi, l’idée générale est de dissuader les élèves issu-es de la Voie Professionnelle de s’inscrire ailleurs que dans une section de technicien supérieur. Le plan prévoit également soit des MOOC (remise à niveau) avant l’entrée en université, mais elles ne sont pas adaptées à nos bacs pro, soit une année supplémentaire de licence. Pourquoi, dans ce cas, ne pas ré-instaurer le parcours du bac pro en 4 ans   au lieu de devoir rattraper cette année perdue… en post-bac !

 

Pour le SNUEP-FSU, cette réforme de l’accès à l’enseignement supérieur va à contre-courant d’une « valorisation de la voie professionnelle », slogan qui ne se traduit toujours pas en acte. Porter une ambition pour la voie professionnelle passe par un renforcement des moyens à l’université, par la création de places suffisantes en STS mais aussi, en amont, par des dédoublements de classes, des parcours en 4 ans et une remise à plat des modalités certificatives.

ProFan ou la profanation de nos diplômes et de nos formations

“ProFan, une expérimentation nationale menée à marche forcée dans nos lycées”.  L’expérience de Lézignan-Corbières

Annoncée en juin 2017 dans nos établissements, l’expérimentation ProFan a connu des débuts difficiles au cours de ce premier trimestre.

ProFan, Quésaco ?

Dans la présentation émanant du Ministère de l’Education nationale, cette expérimentation s’inscrit dans le cadre de l’action “Innovation numérique pour l’excellence éducative” et “se donne pour ambition de promouvoir […] de nouveaux contextes d’apprentissage et d’enseignement afin de […] répondre aux exigences des métiers du futur”.

Il faut lire et relire la plaquette de présentation pour saisir l’ampleur de cette expérimentation lancée dans 80 lycées de 10 régions volontaires.

Cette expérimentation, dotée de 15 millions d’€, est menée au niveau de “filières représentatives des secteurs d’activités touchés par les transformations organisationnelles induites par le numérique” : “Accompagnement, Soins et Services à la Personne” (ASSP), “Service de Proximité et Vie Locale” (SPVL), les métiers de l’électricité et du commerce.

Dans les faits l’ambition affichée nous apparait bien loin dans la réalisation dans nos établissements.

Le calendrier établi en amont n’a pas été articulé avec les intéressé.e.s. En effet, la formation des acteurs de terrain était prévue de septembre 2016 à septembre 2017.

Or ces dernier.e.s n’ont été contacté.e.s par leurs conseils d’administration qu’en juin 2017 ; puis en septembre, l’information donnée par le rectorat n’a pas répondu aux interrogations sur le déploiement de ProFan dans les établissements et n’a pas permis aux enseignant.e.s des sections ASSP et commerce-vente de Lézignan d’intégrer les outils numériques, les « capsules », dans leur progression de début d’année.

Mi-novembre, arrivée de la première capsule, les enseignant.e.s doivent l’intégrer au plus tard fin janvier, au détriment de la préparation des épreuves certificatives et alors que certaines connaissances transversales n’ont pas été abordées.                         Cette organisation a également entraîné la perte de certains lieux de PFMP négociés en juin.

Les concepteurs se sont-ils posés des questions quant aux conséquences sur le fonctionnement de nos établissements ?

Les premiers concernés, élèves et enseignant.e.s n’ont pas ou peu été consultés, or une expérimentation réussie demande un temps d’information, de formation afin d’obtenir l’adhésion des acteurs.

Le calendrier de ProFan conditionne progressions pédagogiques et périodes d’alternance, il contraint des personnels qui ne peuvent refuser  l’expérimentation sous peine d’être sanctionné.e.s ou menacé.e.s de suites négatives sur leur carrière.

Qu’en est-il de la liberté pédagogique par laquelle l’enseignant élabore sa conception pédagogique et didactique, dans une démarche de qualité et de réussite de ses élèves ?

Quel versement aux établissements, pour quels moyens ? Quelle rétribution, sous quelle forme pour les enseignants ? alors qu’une indemnisation financière est prévue dans le cahier des charges.

Après une année de préparation par chercheur.e.s et hauts fonctionnaires, après trois mois de déploiement de l’expérimentation, déception et incompréhension sont les sentiments dominants. A-t-on oublié l’essentiel dans l’acte d’enseigner, l’humain et les premiers intéressé.e.s : lycéens et enseignants ?

ProFan ou la profanation de nos diplômes et de nos formations !

Suite aux réunions resserrées entre mi-septembre et mi-octobre sur l’accès au premier cycle universitaire, le gouvernement a formulé début novembre un “Plan Étudiants”. Conformément à ce que le SNUEP-FSU pressentait au regard du délai et du format choisi pour cette “concertation”, ce plan se révèle sans surprise et ne répond en rien aux attentes et aux besoins des bachelier-es professionnel-les ou des PLP. Le sous investissement dans l’enseignement supérieur et la sélection sont de mises.

Le « Plan Étudiants » supprime la libre inscription des bachelier-es dans l’établissement de leur choix et l’interdiction de sélectionner. Il s’agit de généraliser le principe de capacités d’accueil limitées pour les formations de 1er cycle. C’est-à-dire la possibilité de sélectionner les bachelier-es ou de conditionner l’accès à une formation à l’inscription dans un parcours spécifique ou dans un dispositif d’accompagnement pédagogique. Or les propositions d’année propédeutique ou de remise à niveau à l’aide de MOOC ne sont pas adaptées aux bachelier-es considéré-es comme ayant un niveau de connaissances fragiles pour la filière.

Le plan instaure l’obligation d’informer les jeunes sur les attendus (pré-requis…), la réussite et l’insertion des diplômé-es de la filière de leur choix. Ainsi, l’idée générale est de dissuader les élèves issu-es de la Voie Professionnelle d’accéder à autre chose qu’une section de technicien supérieur. Si d’une part les MOOC ne sont pas adaptés aux bachelier-es professionnel-les et ne favorisent en rien l’apprentissage des savoirs, il faut reconnaître également que la réinstauration de parcours en 4 ans vers le bac pro serait de nature à éviter à nos élèves de devoir “rattraper” l’année perdue… en post-bac !

Ce qui doit changer dans nos établissements dès décembre 2017
  • Organisation de 2 semaines de l’orientation : la première en décembre, l’autre en mars.
  • Désignation d’un-e second-e professeur-e principal-e en terminale pour coordonner en binôme l’accompagnement des lycéen-nes et de préparer une synthèse pour le conseil de classe.
  • Si absence de volontaire pour être second-e professeur-e principal-e : du tutorat pourra être mis en place, rémunéré en IMP, avec les enseignant-es volontaires.
  • Les élèves devront émettre 10 vœux non classés.
  • Le conseil de classe du 1er trimestre devra émettre un éclairage sur les vœux des élèves.
  • Le conseil de classe du 2ème trimestre devra émettre un avis officiel.
Les recommandations du SNUEP-FSU

Aucune consigne précise n’a été donnée quant à l’organisation des semaines de l’orientation. Du fait des CCF et des PFMP, elles seront difficiles à mettre en place dans la voie professionnelle. Il n’est pas nécessaire de se surinvestir dans ces semaines !

Le SNUEP-FSU est intervenu auprès du ministère pour rappeler que les conseils de classe de terminale en LP sont souvent semestriels : le ministère doit inscrire dans son vadémécum (guide de mise en œuvre à destination des proviseur-es) de ne pas ajouter de réunions supplémentaires : le conseil de classe de janvier émettra les avis.

La fonction de 2nd-e professeur-e prinicpal-e ne peut être imposée ! Le volontariat reste de mise. La fonction de professeur-e principal-e

Il est extrêmement important de faire remonter toutes les difficultés induites par ce plan à correspondants locaux ou académiques du SNUEP-FSU.

Les 2 semaines de l’orientation

L’aménagement de 2 semaines consacrées à l’orientation risque fort d’empiéter une fois de plus sur le temps d’enseignement, quand bien même il s’agirait de mobiliser les heures d’Accompagnement Personnalisé, déjà censées permettre de régler l’ensemble des problèmes qui n’ont pas trouvé de solution ailleurs (hétérogénéité du public, recherche de PFMP, etc.). Au regard du manque de consignes claires, des difficultés d’organisation et du caractère non obligatoire (absence de circulaire…) le SNUEP-FSU encourage les personnels à ne pas surinvestir ces semaines et à remonter aux militant-es SNUEP-FSU toutes les pressions des équipes de direction ou d’inspection.

Les avis des conseils de classe

Emettre un avis, lors du conseil de classe de chaque Terminale, sur chacun des 10 vœux possibles pour chaque élève allongera considérablement le déroulement de ces derniers et, par conséquent, le temps de travail des PLP. Cette décision risque fort de ne pas pouvoir se mettre en place dans les classes très chargées des filières tertiaires notamment ! Et comment émettre des avis sans connaître parfaitement les filières demandées ? Cette connaissance des filières du supérieur était pourtant l’apanage des COPsy qui ont été très malmenés ces dernières années. Pour le SNUEP-FSU, le nombre de conseiller-es d’orientation doit être augmenté fortement pour permettre un réel accompagnement des élèves dans la construction de leur orientation.

Et les places en STS ?

Cette réforme entend finalement contraindre les bachelier-es professionnel-les à s’inscrire en STS uniquement. Pourtant, seules 7000 places seront ouvertes sur 5 ans, soit 1400 places par an, à répartir sur l’ensemble de la centaine de département français… ce qui fait ½ section de STS par département et par an. Il faut multiplier par trois le nombre de places actuelles pour accueillir tou-tes les bachelier-es professionnel-les souhaitant poursuivre leurs études. Autrement, ceux-ci/celles-ci seront sans solution.

Pour le SNUEP-FSU, cette réforme de l’accès à l’enseignement supérieur va àcontre-courant d’une « valorisation de la voie professionnelle », slogan qui ne se traduit toujours pas en acte. Porter une ambition pour la voie professionnelle passe par un renforcement des moyens à l’université, par la création de places suffisantes en STS mais aussi, en amont, par des dédoublements de classes, des parcours en 4 ans et une remise à plat des modalités certificatives.

Déclaration SNUEP-FSU au CTA du 14 décembre 2017

Le gouvernement a lancé des discussions sur la réforme de la formation professionnelle en l’articulant avec celle de l’apprentissage. Bien que plusieurs gouvernements successifs aient annoncé la volonté de faire de l’enseignement professionnel une priorité, sans jamais s’en donner les moyens, le message ici est clair : mise en concurrence de la voie scolaire et de l’apprentissage, en faisant croire que celui-ci serait la voie d’excellence pour que chaque jeune choisissant cette orientation professionnelle puisse trouver un emploi… Mais c’est malheureusement dans une logique d’employabilité à court terme que cette réforme est pensée. La volonté exprimée des régions et des branches professionnelles de piloter cette formation, accompagnée d’une casse des diplômes nationaux au profit de blocs de compétences spécifiques et territoriaux en sont la preuve.

Au-delà du fait que l’apprentissage reste une voie sélective, discriminante, empreinte d’échecs avec près de 36 % de ruptures de contrat avant leur terme pour le niveau 5, le SNUEP-FSU revendique au contraire un renforcement de la formation initiale sous statut scolaire, ambitieuse, solide sur le plan théorique et pratique, émancipatrice, formatrice de futur.e.s citoyen.ne.s, encadrée par des diplômes nationaux.

La corrélation entre le niveau de diplôme et le taux d’emploi n’est plus à prouver. Au moment où cette nécessité d’élever le niveau de qualification des jeunes est plus que nécessaire, le gouvernement met en place son « Plan étudiant ». Un de ses objectifs est clairement de fermer la porte de l’université aux bachelier.e.s professionnel.le.s en ne leur laissant que l’éventuelle possibilité d’une poursuite d’étude en STS. Tout est fait pour les orienter vers ces structures :

  • La publication sur la plateforme « Parcoursup » d’attendus sélectifs accompagnés des taux de réussite dans la filière en fonction du baccalauréat d’origine,
  • La possibilité pour les universités d’imposer des dispositifs d’accompagnement conditionnant une future inscription,
  • Un kit pédagogique proposé par le SAIO de Montpellier à destination des élèves (et des enseignants) de bac professionnel les dissuadant on ne peut plus clairement d’envisager une poursuite d’étude à l’université.

Que dire des 7000 places supplémentaires prévues en BTS au niveau national sur 5 ans ? Très clairement insuffisant par rapport aux besoins réels…

Cette sélection qui ne dit pas son nom, ce « tri social » qui s’organise, vont à l’encontre de l’ambition que porte le SNUEP-FSU pour cette voie professionnelle. Il demande plus de moyens pour les universités, des créations de places en STS en nombre suffisant, mais aussi, en amont, des parcours en 4 ans et d’autres modalités certificatives.

Postes au concours 2018

18 % de postes en moins pour la voie professionnelle… et le ministre parle encore de sa revalorisation !

Le couperet est tombé : pour réduire la crise de recrutement, le ministère de l’Éducation a donc décidé… de moins recruter dans la voie professionnelle !
En fermant certaines sections ou en réduisant le nombre de postes aux concours, le ministre pourra peut-être se prévaloir à la rentrée d’avoir réglé le problème de recrutement en faisant le plein aux CAPLP.  CQFD !
Mais le SNUEP-FSU ne laissera pas médiatiser ce tour de passe-passe !

Si le nombre de postes proposés reste stable au concours interne (315) et au troisième concours (10 en Maths-sciences uniquement), le concours externe du CAPLP voit une chute de 18 % du nombre de places : 1580 contre 1920 en 2017.
Le ministère avait annoncé vouloir ouvrir des postes en fonction des capacités de recrutement, c’est-à-dire du nombre de postes pourvus l’an dernier, mais il n’en est rien ! Ainsi, dans les disciplines où tous les postes offerts l’an dernier avaient été pourvus, le ministère offre moins de places en 2018.
Dans les disciplines déjà en difficulté, le message est clair : le ministère organise la pénurie d’enseignant-es. En Biotechnologies option Santé-Environnement, on passe de 242 postes en 2017 à 194 et il n’y aura pas de session pour l’examen réservé (où 100 postes étaient ouverts l’an dernier) alors même que le nombre de non-titulaires dans cette discipline est important.

Ces choix politiques confirment que le fameux slogan « valoriser la voie professionnelle » est un mensonge. Cette affirmation n’est pas viable sans un recrutement massif d’enseignant-es pour faire face aux besoins du terrain. Restreindre le nombre de postes ouverts aux concours est irresponsable !

Réduire le nombre de postes aux concours, c’est augmenter toujours plus le recours à la précarité, aux personnels contractuel-les moins rémunéré-es et bien souvent non formé-es. Avec 90 postes en moins ouverts à l’examen réservé (695 contre 785 l’an passé), des contractuel-les, réembauché-es tous les ans, ne pourront toujours pas être titularisé-es. Or ils/elles représentent 10 % des professeur-es en lycée professionnel. Valoriser la voie professionnelle, c’est aussi relancer un plan de titularisation.
Réduire le nombre de postes ouverts aux concours, c’est garantir à certaines classes l’absence d’enseignant-es à la rentrée prochaine !
Réduire le nombre de postes ouverts aux concours, c’est appauvrir une nouvelle fois le vivier de PLP déjà fragilisé par des années de sous-recrutements.
Est-ce cela le grand projet de valorisation de la voie professionnelle ? À moins qu’il ne s’agisse en réalité de vider la voie professionnelle sous statut scolaire !

Pour le SNUEP-FSU, il est indispensable et urgent de prendre le problème à la source et de lancer une réflexion sur les moyens, tels que les pré-recrutements, à mettre en œuvre pour réduire la crise de recrutement. Il est urgent aussi de s’attaquer au grand dossier des conditions de travail et de la valorisation salariale des personnels : conditions indispensables pour rendre à nouveau nos métiers attractifs !