Suite aux réunions resserrées entre mi-septembre et mi-octobre sur l’accès au premier cycle universitaire, le gouvernement a formulé début novembre un “Plan Étudiants”. Conformément à ce que le SNUEP-FSU pressentait au regard du délai et du format choisi pour cette “concertation”, ce plan se révèle sans surprise et ne répond en rien aux attentes et aux besoins des bachelier-es professionnel-les ou des PLP. Le sous investissement dans l’enseignement supérieur et la sélection sont de mises.

Le « Plan Étudiants » supprime la libre inscription des bachelier-es dans l’établissement de leur choix et l’interdiction de sélectionner. Il s’agit de généraliser le principe de capacités d’accueil limitées pour les formations de 1er cycle. C’est-à-dire la possibilité de sélectionner les bachelier-es ou de conditionner l’accès à une formation à l’inscription dans un parcours spécifique ou dans un dispositif d’accompagnement pédagogique. Or les propositions d’année propédeutique ou de remise à niveau à l’aide de MOOC ne sont pas adaptées aux bachelier-es considéré-es comme ayant un niveau de connaissances fragiles pour la filière.

Le plan instaure l’obligation d’informer les jeunes sur les attendus (pré-requis…), la réussite et l’insertion des diplômé-es de la filière de leur choix. Ainsi, l’idée générale est de dissuader les élèves issu-es de la Voie Professionnelle d’accéder à autre chose qu’une section de technicien supérieur. Si d’une part les MOOC ne sont pas adaptés aux bachelier-es professionnel-les et ne favorisent en rien l’apprentissage des savoirs, il faut reconnaître également que la réinstauration de parcours en 4 ans vers le bac pro serait de nature à éviter à nos élèves de devoir “rattraper” l’année perdue… en post-bac !

Ce qui doit changer dans nos établissements dès décembre 2017
  • Organisation de 2 semaines de l’orientation : la première en décembre, l’autre en mars.
  • Désignation d’un-e second-e professeur-e principal-e en terminale pour coordonner en binôme l’accompagnement des lycéen-nes et de préparer une synthèse pour le conseil de classe.
  • Si absence de volontaire pour être second-e professeur-e principal-e : du tutorat pourra être mis en place, rémunéré en IMP, avec les enseignant-es volontaires.
  • Les élèves devront émettre 10 vœux non classés.
  • Le conseil de classe du 1er trimestre devra émettre un éclairage sur les vœux des élèves.
  • Le conseil de classe du 2ème trimestre devra émettre un avis officiel.
Les recommandations du SNUEP-FSU

Aucune consigne précise n’a été donnée quant à l’organisation des semaines de l’orientation. Du fait des CCF et des PFMP, elles seront difficiles à mettre en place dans la voie professionnelle. Il n’est pas nécessaire de se surinvestir dans ces semaines !

Le SNUEP-FSU est intervenu auprès du ministère pour rappeler que les conseils de classe de terminale en LP sont souvent semestriels : le ministère doit inscrire dans son vadémécum (guide de mise en œuvre à destination des proviseur-es) de ne pas ajouter de réunions supplémentaires : le conseil de classe de janvier émettra les avis.

La fonction de 2nd-e professeur-e prinicpal-e ne peut être imposée ! Le volontariat reste de mise. La fonction de professeur-e principal-e

Il est extrêmement important de faire remonter toutes les difficultés induites par ce plan à correspondants locaux ou académiques du SNUEP-FSU.

Les 2 semaines de l’orientation

L’aménagement de 2 semaines consacrées à l’orientation risque fort d’empiéter une fois de plus sur le temps d’enseignement, quand bien même il s’agirait de mobiliser les heures d’Accompagnement Personnalisé, déjà censées permettre de régler l’ensemble des problèmes qui n’ont pas trouvé de solution ailleurs (hétérogénéité du public, recherche de PFMP, etc.). Au regard du manque de consignes claires, des difficultés d’organisation et du caractère non obligatoire (absence de circulaire…) le SNUEP-FSU encourage les personnels à ne pas surinvestir ces semaines et à remonter aux militant-es SNUEP-FSU toutes les pressions des équipes de direction ou d’inspection.

Les avis des conseils de classe

Emettre un avis, lors du conseil de classe de chaque Terminale, sur chacun des 10 vœux possibles pour chaque élève allongera considérablement le déroulement de ces derniers et, par conséquent, le temps de travail des PLP. Cette décision risque fort de ne pas pouvoir se mettre en place dans les classes très chargées des filières tertiaires notamment ! Et comment émettre des avis sans connaître parfaitement les filières demandées ? Cette connaissance des filières du supérieur était pourtant l’apanage des COPsy qui ont été très malmenés ces dernières années. Pour le SNUEP-FSU, le nombre de conseiller-es d’orientation doit être augmenté fortement pour permettre un réel accompagnement des élèves dans la construction de leur orientation.

Et les places en STS ?

Cette réforme entend finalement contraindre les bachelier-es professionnel-les à s’inscrire en STS uniquement. Pourtant, seules 7000 places seront ouvertes sur 5 ans, soit 1400 places par an, à répartir sur l’ensemble de la centaine de département français… ce qui fait ½ section de STS par département et par an. Il faut multiplier par trois le nombre de places actuelles pour accueillir tou-tes les bachelier-es professionnel-les souhaitant poursuivre leurs études. Autrement, ceux-ci/celles-ci seront sans solution.

Pour le SNUEP-FSU, cette réforme de l’accès à l’enseignement supérieur va àcontre-courant d’une « valorisation de la voie professionnelle », slogan qui ne se traduit toujours pas en acte. Porter une ambition pour la voie professionnelle passe par un renforcement des moyens à l’université, par la création de places suffisantes en STS mais aussi, en amont, par des dédoublements de classes, des parcours en 4 ans et une remise à plat des modalités certificatives.