ProFan ou la profanation de nos diplômes et de nos formations

“ProFan, une expérimentation nationale menée à marche forcée dans nos lycées”.  L’expérience de Lézignan-Corbières

Annoncée en juin 2017 dans nos établissements, l’expérimentation ProFan a connu des débuts difficiles au cours de ce premier trimestre.

ProFan, Quésaco ?

Dans la présentation émanant du Ministère de l’Education nationale, cette expérimentation s’inscrit dans le cadre de l’action “Innovation numérique pour l’excellence éducative” et “se donne pour ambition de promouvoir […] de nouveaux contextes d’apprentissage et d’enseignement afin de […] répondre aux exigences des métiers du futur”.

Il faut lire et relire la plaquette de présentation pour saisir l’ampleur de cette expérimentation lancée dans 80 lycées de 10 régions volontaires.

Cette expérimentation, dotée de 15 millions d’€, est menée au niveau de “filières représentatives des secteurs d’activités touchés par les transformations organisationnelles induites par le numérique” : “Accompagnement, Soins et Services à la Personne” (ASSP), “Service de Proximité et Vie Locale” (SPVL), les métiers de l’électricité et du commerce.

Dans les faits l’ambition affichée nous apparait bien loin dans la réalisation dans nos établissements.

Le calendrier établi en amont n’a pas été articulé avec les intéressé.e.s. En effet, la formation des acteurs de terrain était prévue de septembre 2016 à septembre 2017.

Or ces dernier.e.s n’ont été contacté.e.s par leurs conseils d’administration qu’en juin 2017 ; puis en septembre, l’information donnée par le rectorat n’a pas répondu aux interrogations sur le déploiement de ProFan dans les établissements et n’a pas permis aux enseignant.e.s des sections ASSP et commerce-vente de Lézignan d’intégrer les outils numériques, les « capsules », dans leur progression de début d’année.

Mi-novembre, arrivée de la première capsule, les enseignant.e.s doivent l’intégrer au plus tard fin janvier, au détriment de la préparation des épreuves certificatives et alors que certaines connaissances transversales n’ont pas été abordées.                         Cette organisation a également entraîné la perte de certains lieux de PFMP négociés en juin.

Les concepteurs se sont-ils posés des questions quant aux conséquences sur le fonctionnement de nos établissements ?

Les premiers concernés, élèves et enseignant.e.s n’ont pas ou peu été consultés, or une expérimentation réussie demande un temps d’information, de formation afin d’obtenir l’adhésion des acteurs.

Le calendrier de ProFan conditionne progressions pédagogiques et périodes d’alternance, il contraint des personnels qui ne peuvent refuser  l’expérimentation sous peine d’être sanctionné.e.s ou menacé.e.s de suites négatives sur leur carrière.

Qu’en est-il de la liberté pédagogique par laquelle l’enseignant élabore sa conception pédagogique et didactique, dans une démarche de qualité et de réussite de ses élèves ?

Quel versement aux établissements, pour quels moyens ? Quelle rétribution, sous quelle forme pour les enseignants ? alors qu’une indemnisation financière est prévue dans le cahier des charges.

Après une année de préparation par chercheur.e.s et hauts fonctionnaires, après trois mois de déploiement de l’expérimentation, déception et incompréhension sont les sentiments dominants. A-t-on oublié l’essentiel dans l’acte d’enseigner, l’humain et les premiers intéressé.e.s : lycéens et enseignants ?

ProFan ou la profanation de nos diplômes et de nos formations !