Examens de fin d’année : Blanquer à côté de la plaque !

Vous trouverez ci-dessous :

  1. Le communiqué du SNUEP-FSU national suite aux annonces de JM Blanquer à propos des examens de fin d’année.
  2. Une rapide note d’analyse de ce courrier.
  3. Le lien vers l’intervention retranscrite de Sigrid Gerardin (Secrétaire Générale du SNUEP-FSU) ce matin sur France Info : https://www.francetvinfo.fr/bac/bac-professionnel-le-manque-d-amenagement-des-epreuves-est-completement-incomprehensible-denonce-le-syndicat-snuep-fsu_4613251.html


  1. Paris, le 6 mai 2021
    COMMUNIQUÉ

Aménagement des examens 2021 dans la voie professionnelle = suppression pure et simple de disciplines !


Refusant depuis plusieurs mois d’envisager tout scénario sur les examens professionnels 2021 malgré les alertes récurrentes du SNUEP-FSU, le ministre annonce enfin ses arbitrages qui apportent toujours plus de confusions et de problèmes qu’ils n’en règlent ! Est-ce à dire qu’il ne comprend toujours rien à la voie professionnelle ou qu’il continue de bafouer les élèves, les familles et les personnels de la voie professionnelle ?
Le ministre décide de maintenir toutes les épreuves ponctuelles relatives aux enseignements généraux mais seules deux disciplines ayant obtenu les meilleures notes seront retenues. Ce qui signifie qu’en 2021, un·e bachelier professionnel·le peut obtenir son diplôme sans note en français et/ou en histoire géographie – car il est clairement question de neutralisation et non de prise en compte du contrôle continu pour les disciplines rejetées. Alors que des coefficients très différents sont attribués aux disciplines concernées et permettent unéquilibre entre les disciplines professionnelles et générales, quelle valeur le ministre compte-t’il attribuer aux deux notes restantes ? Dans un contexte d’épuisement professionnel et de conditions sanitaires non stabilisées, tou·tes les enseignant·es seront mobilisé·es pour corriger des copies qui, pour la moitié, iront directement à la poubelle !
Le ministre oublie évidemment sciemment de mentionner les épreuves professionnelles écrites des filières tertiaires et de certaines sections de la production par exemple. Ces épreuves, longues, à fort coefficient et certainement les plus appréhendées par les élèves ne bénéficient d’aucun aménagement.

Ces arbitrages sont inacceptables et révélateurs du mépris du ministre pour les élèves et les personnels de
la voie professionnelle.

La diminution du nombre obligatoire de CCF est une demande que le SNUEP-FSU porte depuis plus de trois mois. Si cette décision avait été anticipée, elle aurait apporté un peu de sérénité aux élèves et aux enseignant·es en cette dernière période scolaire anxiogène. Cet aménagement nécessite néanmoins des clarifications rapides : comment seront comptabilisés les CCF manquants ? Prise en compte du contrôle continu ou notes des premiers doublées ?
L’obstination du ministre à maintenir l’oral du chef-d’œuvre en CAP est hors-sol. Les élèves de CAP concentrent de nombreuses difficultés scolaires et nécessitent une attention et un accompagnement quotidiens. Les « balancer » dans cette épreuve orale sans qu’elles et ils aient bénéficié de conditions rigoureuses de préparation est irresponsable.
Le SNUEP-FSU exige des clarifications rapides quant aux modalités d’aménagements des CCF pour éviter de renforcer les inquiétudes déjà prégnantes et massives.


Le SNUEP-FSU dénonce la suppression sèche de disciplines pour certifier les diplômes professionnels. Si le ministre fait le choix de conserver uniquement deux notes, qu’il aille au bout de sa logique et qu’il décide de maintenir seulement 2 épreuves. D’autres modalités certificatives sont envisageables pour les disciplines rejetées. Il est intolérable de les faire disparaître comme annoncé à ce stade.


2. Rapide note d’analyse de ce courrier

Examens pros 2021 – Que comprendre des annonces du ministre le 5 mai ? 

Le sentiment général, à la lecture de la lettre du ministre sur les aménagements d’examens 2021 dans la voie pro, c’est  quand même que ce dernier parle de choses qu’il ne maîtrise pas complètement. Ainsi, sa lettre reste difficilement  compréhensible sur de nombreux points, tant pour les PLP que pour nos élèves… Et, comme toute chose  incompréhensible, elle va être sujette à de multiples interprétations, cette lettre… 

Voici ce que l’on peut en comprendre à ce stade : 

1°) Le ministre range dans les enseignements généraux toutes les épreuves sur table figurant dans son rappel du  calendrier des épreuves ponctuelles du CAP et du bac pro… alors que certaines d’entre-elles ne sont pas comptabilisées  comme épreuves d’enseignement général dans certains règlements d’examens (par exemple, dans le règlement du bac  pro GA, la PSE fait partie des sous-épreuves d’une épreuve professionnelle…). On peut donc être très sceptique sur le  « catalogue » des enseignements généraux établi par le ministre. De plus, celui-ci semble complètement oublier que,  dans bon nombre de diplômes, en fin d’année, il y a des écrits qui sont clairement des épreuves d’enseignement  professionnel : les études de cas par exemple. Ces épreuves-là ne sont même pas mentionnées, et il reste difficile de  savoir si c’est parce qu’elles sont maintenues ou supprimées ! Une chose est certaine néanmoins : elles ne sont pas  aménagées alors qu’elles sont longues, à fort coefficient et font partie des épreuves les plus appréhendées par les  élèves. 

2°) Épreuves que le ministre appelle « d’enseignement général » : 

– CAP (candidat·es libres et établissements non habilités au CCF) : Français, PSE, Maths, Sciences, LV, Arts  appliqués 

– Bac pro : Français, Histoire-Géographie-EMC, PSE, Éco-droit, Éco-gestion, Arts appliqués (qui sont en CCF  « unique » la plupart du temps !?!) 

Seules les deux meilleures notes seront retenues, en CAP comme en bac pro, et les autres seront neutralisées.  Autrement dit, selon les diplômes, trois à cinq disciplines auront été préparées par les élèves pendant trois ans et  passées lors de l’examen… pour rien ! Les collègues auront préparé leurs élèves, puis corrigé leurs copies d’examen…  pour rien ! Trois ans de boulot anéantis et bafoués, ces disciplines se retrouvant, de fait, purement et simplement  supprimées du diplôme ! Certes, ce ne seront pas les mêmes disciplines pour tou·tes les élèves, mais, cette année,  certain·es seront reçu·es au bac pro sans note en Français, et/ou en PSE, et/ou en Éco-droit… 

Par ailleurs, cette disposition pose sérieusement la question des coefficients, pour calculer les moyennes obtenues à  l’examen : un·e candidat·e dont les deux meilleures notes sont dans les deux matières à plus faible coefficient verra les  autres notes neutralisées (même si elles sont supérieures à 10, d’ailleurs !). Cela déséquilibre complètement la part  des enseignements généraux par rapport à celle des enseignements professionnels dans le calcul de la moyenne à  l’examen… Ce qui n’est pas sans conséquence sur l’accès à l’oral de contrôle. Cette décision de ne garder que les deux  meilleures notes risque de mettre quelque peu le bazar dans les jurys ! Et elle ne favorise pas les élèves : c’est deux  fois mieux d’avoir un 12 en coef 4 qu’un 14 en coef 1 ! Sauf qu’avec cette disposition, on garde le 14 en coef 1… 

3°) Pour les CCF, dès lors qu’au moins l’un d’entre eux a pu être organisé, les dernières étapes des CCF de l’année  scolaire sont neutralisées. 

Voilà encore une disposition qui est loin d’être claire : s’agit-il, dans ce décompte, de cumuler les CCF réalisés pour une  même épreuve ? Ou pour une même sous-épreuve ? En enseignement professionnel, on peut avoir fait un CCF d’une  sous épreuve, un autre dans une autre sous-épreuve… et zéro dans la 3e sous-épreuve ! Que se passe-t-il dans ce cas ?  Doit-on neutraliser la 3e sous-épreuve ou non ? 

Enfin, toutes les épreuves (ou sous-épreuves ?) n’ayant qu’une seule échéance (comme les langues vivantes ou les arts  appliqués en bac pro) sont maintenues ! Pas d’alternative ! Que se passera-t-il pour les élèves cas Covid ou cas contact…  et pour les classes qui vont fermer s’il y a un cas Covid : pas de réponse !

Face à tant de problèmes non résolus, une demande d’audience a immédiatement été adressée à la DGESCO afin de porter nos propositions. Il est plus que souhaitable que, dans un délai très court, une note de service vienne apporter toutes les clarifications nécessaires.